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Destination ultime : les nuages

L'équipe du projet Épervier est composée de 12 étudiants en génie mécanique de l'Université de Sherbrooke. À l'avant : Maya Caron, Gabriel Arsenault, François Bérubé, Nicolas Vincent et Jasmin Mc Fadden. À l'arrière : Mathieu Lavoie, Francis Beaucaire, Miguel Costa, David Rancourt, David Barabé, Mathieu Lessard et Guy Bilodeau.
L'équipe du projet Épervier est composée de 12 étudiants en génie mécanique de l'Université de Sherbrooke. À l'avant : Maya Caron, Gabriel Arsenault, François Bérubé, Nicolas Vincent et Jasmin Mc Fadden. À l'arrière : Mathieu Lavoie, Francis Beaucaire, Miguel Costa, David Rancourt, David Barabé, Mathieu Lessard et Guy Bilodeau.

14 août 2008

Vicky Gauthier

Depuis le début de l'année 2007, 12 étudiants en génie mécanique planchent sur leur projet final de conception, un avion acrobatique de construction amateur en matériaux composites. Là où ça devient plus qu'intéressant, c'est que l'avion en question prendra forme dans sa totalité sous les doigts de ces finissants au baccalauréat. Rien de moins. De l'idée jusqu'au vol, les étudiants feront tout. C'est, selon certains professeurs, l'un des plus ambitieux projets universitaires étudiants en Amérique du Nord. Rencontre avec l'oiseau de la noblesse, l'Épervier.

Guidée par l'un de ses membres qui est pilote, l'équipe a orienté sa mission vers une aviation de loisir plus accessible. Le client type est un pilote expérimenté qui recherche des sensations fortes, mais qui n'a pas les moyens de payer 150 000 $ pour un avion acrobatique. En proposant un avion qui peut se construire en totalité à la maison, l'équipe veut le rendre plus accessible.

Trois éléments distinguent Épervier des avions similaires : on peut démonter ses ailes pour le déplacer à l'aide d'une remorque, il est fabriqué avec des nouveaux matériaux plus performants, et il est le 1er avion acrobatique avec un parachute balistique. L'inventeur de la technologie en République tchèque a même accepté de modifier son parachute balistique pour l'adapter à Épervier! On mise aussi sur le confort : tout pilote pesant entre 54 et 100 kg et mesurant jusqu'à 1,83 m y serait à l'aise.

Petit avion de 200 kg, six fois plus léger qu'une voiture standard, Épervier mesurera 6 m de largeur avec les ailes sur 5,5 m de longueur. Il permettra de ressentir une force de 6 G, volera à 3048 m d'altitude et atteindra une vitesse maximale de 350 km/h. Les avions acrobatiques utilisent généralement de l'essence au plomb. Pas Épervier. De plus, avec certains types de moteurs, l'avion pourrait atteindre une consommation de 4 L au 100 km à 200 km/h.

168 heures dans une semaine

L'équipe s'est donné comme objectif ultime de faire voler l'avion. Quand? Lorsque tous seront confiants que la sécurité du pilote est assurée. L'objectif est fixé pour décembre, mais si l'équipe a la moindre hésitation, on reportera le vol; mais chose certaine, le vol aura lieu.

«Il y a toujours au moins quatre ou cinq personnes présentes à l'UdeS les fins de semaine pour faire avancer le projet, même si on est tous en stage à l'extérieur, explique Mathieu Lavoie, coordonnateur du projet. Nous nous étions mis d'accord pour tenter d'obtenir des stages le plus près possible de Sherbrooke cet été.»

Motivé, ce groupe de 11 étudiants et une étudiante? Le mot est faible. Canalisé par ce projet d'envergure, il trouve très stimulant de partir de zéro dans un projet et de devoir arriver à une conception réelle et fonctionnelle, bien que complexe.

Les membres de l'équipe ayant déjà tous participé à d'autres projets d'envergure, tous se sont entendus pour consacrer à Épervier plus que le minimum requis. Quand on parle de faire voler un avion, on se situe à un autre niveau. «Nous essayons d'atteindre à la fois nos objectifs personnels et ceux du projet, dit Mathieu Lavoie. On se dit les vraies affaires, et nous organisons même des activités de socialisation. Nous croyons à ce projet. Et parce qu'on parle d'un avion, tout est interrelié, la dynamique de conception demande un retour en groupe fréquent.» Et quand quelqu'un glisse tout bonnement dans une phrase qu'il y a 168 heures dans une semaine, c'est qu'elles sont probablement déjà toutes comptées et organisées…

Et pourquoi Épervier? «On trouvait que cet oiseau représentait bien l'avion que nous voulions créer, explique le coordonnateur du groupe. Les qualités qui décrivent bien l'épervier sont l'agilité, le courage et la noblesse.»

De Québec à Montréal : à la recherche de connaissances

L'une des principales difficultés du groupe a été le manque de connaissances nécessaires pour mener à bien le projet. L'équipe est donc allée chercher une expertise auprès du Centre des matériaux composites de Saint-Jérôme et d'Airbus. La recherche s'est vite transformée en transfert de connaissances. «Avec toutes ces connaissances complémentaires que nous avons acquises, on nous a même demandé d'offrir un cours aux étudiants du baccalauréat, principalement sur les méthodes d'analyse de structure des matériaux composites, explique Mathieu Lavoie. Et même les professeurs apprennent certaines choses!» Le groupe a notamment donné une conférence à la rencontre annuelle de l'Experimental Aircraft Association, où près de 100 personnes étaient présentes – pilotes et ingénieurs – pour écouter pendant deux heures les 12 étudiants traiter de la conception d'un avion. En avril, deux des membres ont rencontré plus de 1000 élèves de l'école Saint-Henri à Montréal pour leur parler de l'implication étudiante dans un tel projet. Des articles sur Épervier sont notamment parus dans Plein vol (avril-mai 2008) et Aviation Québec.

Phase de fabrication

Depuis mai, le projet est en phase de fabrication. D'ici la fin du mois d'août, les deux ailes, les panneaux du fuselage, le train d'atterrissage, l'hélice et le moteur devraient tous être terminés, mais en pièces détachées. C'est en décembre que vous pourrez admirer l'avion dans son ensemble lors de l'exposition Mécagéniale.

L'équipe nage dans la mer des grands : elle s'est déjà fait pressentir par des clients potentiels, et le Musée canadien de l'aviation a même demandé l'avion pour l'an prochain. Épervier : un dossier chaud de l'automne. À suivre!